Une autre presse est-elle possible ? L’hebdomadaire français Le 1 soulevait cette question l’été dernier, alors que Vincent Bolloré catapultait – malgré la résistance de la rédaction – Geoffroy Lejeune, proche de l’extrême-droite, à la tête du Journal du dimanche.
Dans le désordre, ce numéro inventoriait les nombreux défis auxquels font face l’écosystème médiatique des deux côtés de Quiévrain : vieillissement du lectorat, zones désertes de librairies, hausse des coûts du papier et de l’impression, perte de la confiance du public, décrochage informationnel, concentration des médias – un phénomène démocratique dangereux, qui s’est d’ailleurs renforcé en Belgique francophone avec le rachat des éditions de l’Avenir puis de LN24 par le groupe IPM et l’absorption de RTL Belgium par la maison Rossel & Cie –, détournement du « temps de cerveau disponible » par les Gafam, sans oublier Netflix, Amazon Prime ou encore Disney +.
C’est sans compter quelques réalités propres à la Belgique : la réforme des droits d’auteurs menaçant les journalistes et photographes indépendant·es avec lesquelles nos médias collaborent ou encore la potentielle fin de la distribution de nos magazines par bpost. Face à un tel échafaudage de difficultés, l’enjeu n’est rien de moins que la survie de la presse indépendante. Dans un tel contexte, le silence politique est assourdissant.
Je traversais un épais brouillard cramponné à la grisaille quand une histoire inspirante m’est revenue, dissipant aussitôt ce Jingle belge plutôt morose. Dans le courant des années 2000, au Danemark, des chefs se sont réunis pour repenser la cuisine, notamment face au pullulement de chaînes de fast-food. Leur réflexion a donné naissance en 2004 à un manifeste – The Nordic Kitchen Manifesto – centré sur la production éthique, saine, saisonnière et locale de la nourriture. Mais aussi, et surtout, à une révolution culinaire qui, grâce au soutien des consommateurs, a permis de contrer l’industrie de la junk food dont la recette consiste à faire toujours plus, toujours plus vite, toujours moins cher.
A l’instar de ce sursaut alimentaire, notre collectif de médias a pour ambition de renouveler notre rapport à l’information. Une autre manière d’informer et de s’informer, une autre presse, est possible. Indépendante, audacieuse, exigeante, robuste, nuancée, constructive, curieuse, inventive, tenace, collaborative, durable. Elle existe déjà mais son maintien dépend de l’engagement d’un public prêt à payer pour être bien informé. Et comme le répète inlassablement la journaliste française Anne-Sophie Novel : « bien s’informer, c’est comme bien manger ».
Sarah Freres (Imagine), pour le collectif Kiosque.
La période des fêtes est un moment particulièrement opportun pour marquer son soutien aux médias indépendants mais aussi pour les faire connaître autour de soi. D’ailleurs, nos magazines se glissent parfaitement sous le sapin et leurs contenus peuvent même enrichir vos discussions de fêtes.
Wilfried
L’hégémonie selon Bart De Wever
Avec son livre « Woke », le président de la N-VA entend dénoncer un péril grave : des revendications victimaires qui sapent selon lui les fondements de la civilisation occidentale. Il cible en particulier les activistes écolos, féministes ou décoloniaux. Cette offensive s’inscrit dans une stratégie théorisée de longue date par Bart De Wever : profiler la N-VA comme un parti conservateur et répandre en Flandre un « nationalisme banal » comme il en existe en Bavière, son modèle. Avant le rendez-vous électoral de 2024, le bourgmestre d’Anvers a longuement rencontré « Wilfried » pour livrer sa vision de « la bataille des idées », une formule associée au philosophe communiste italien Antonio Gramsci, aujourd’hui récupéré par la droite. Lire la suite…
Alter Échos
No man’s lands : les nouveaux territoires de la non-mixité
Étroitement liés à l’histoire du féminisme, les espaces en non-mixité s’imposent aujourd’hui dans le secteur des assuétudes ou de la grande précarité. Si l’objectivation des violences sexistes les légitime, ces « no man’s lands » continuent pourtant de susciter la méfiance. Car ces zones de sécurité sont aussi des lieux de prise de conscience, de résistance et de changement. Lire la suite…
axelle
« J’aurais pu tuer la campagne si j’avais parlé à ce moment-là »
C’est l’histoire de Marie, candidate aux dernières élections. Un récit singulier, mais qui s’inscrit dans le continuum des violences sexistes et sexuelles que vivent les femmes, dans tous les milieux. Les cercles politiques sont loin d’en être exempts. Alors que l’année 2024 comportera plus d’élections qu’on n’en a jamais connu en Belgique, c’est le moment d’ouvrir les yeux. Et d’écouter les femmes politiques. Lire la suite…
Imagine
Au Mozambique, une meilleure prévention des catastrophes climatiques
Largement exposé au dérèglement climatique, le Mozambique s’attelle à perfectionner l’entièreté de son système d’alerte précoce pour réduire l’impact d’intenses et fréquentes catastrophes. Imagine s’est rendu sur place pour identifier et comprendre ses lacunes, que le gouvernement fédéral belge entend partiellement combler, via la coopération au développement. Une démarche encore rare, à l’heure où un mécanisme international de compensation pour les pays est discuté à la COP28, qui se déroule en ce moment à Dubaï. Lire la suite…
Le Ligueur
Le livre jeunesse: arme anti info-anxiété ?
Face à l’info, les parents se retrouvent parfois démunis. Et lorsque le monde s’embrase, lorsque des images fortes et insoutenables saturent les écrans, cette sensation ne fait qu’augmenter. Entre politique de l’autruche et ouverture complète des vannes, le curseur se fixe en fonction des tribus. Dans la boîte à outils parentale, le livre jeunesse peut s’avérer très utile. Voici une sélection d’ouvrages épinglés par le Ligueur ainsi que l’éclairage d’Alain Serres, créateur des éditions Rue du monde. Lire la suite…
Médor
Les petits secrets de la guerre belge en Irak
En 2018, Wilson Fache, qui vient de recevoir le prestigieux Prix Albert Londres, était retourné, pour Médor, dans les gravats de Mossoul pour vérifier le bilan de la guerre belge en Irak. 27 mois, 9 500 heures de vol et 999 bombes. Les F-16 belges ont achevé leurs missions en Irak avec un bulletin sans la moindre tache officielle : 97 % de cibles touchées et aucune victime civile. Il y avait trouvé beaucoup d’opacité… ainsi qu’un Verviétois. Lire la suite…
Tchak
La tête dans les poubelles des supermarchés
C’est la même histoire chaque semaine. À l’abri des regards, une fois les volets fermés, Domingo, Jules, Raf, Jim et leurs colocs – tous étudiants ou jeunes travailleurs – plongent leurs mains dans les bennes à ordures des supermarchés. Ils repartent les bras chargés de plusieurs kilos de nourriture, qu’ils partagent souvent autour de la même table. Nous les avons accompagnés. Lire la suite…
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