À la fin de cet édito, quelqu’un pourrait tomber à l’eau.
Besoin de vérité ? C’est, selon la philosophe, militante et résistante française Simone Weil – décédée il y a tout juste 80 ans, en août 1943, à 34 ans, à Londres, d’une défaillance cardiaque –, le plus important des « besoins essentiels de l’âme ».
Sans accès à des sources d’information fiables et exactes, écrit-elle dans L’Enracinement, la liberté, la responsabilité, l’ordre (qu’elle oppose à la « servilité ») ou l’égalité ne sont pas possibles. L’enracinement non plus, qu’elle décrit comme un lien profond et vivant des humain·es avec leur environnement et avec leur milieu.
Selon la philosophe, la vérité est particulièrement précieuse pour les travailleurs et les travailleuses qui ont rarement le temps de vérifier les informations. Les personnes qui racontent des bobards dans les médias devraient donc être sévèrement punies, de même que les médias qui ne font pas honnêtement leur boulot.
Un préalable très important à la satisfaction des besoins essentiels, écrit Simone Weil, c’est qu’ils ne peuvent pas être subordonnés : « ni à la raison d’État, ni à aucune considération soit d’argent, soit de nationalité, soit de race, soit de couleur, ni à la valeur morale ou autre attribuée à la personne considérée, ni à aucune condition quelle qu’elle soit. »
On rajouterait volontiers « soit de genre », puisque Simone Weil était d’accord pour que sa liste des besoins humains soit révisée. Autrement dit : le besoin de vérité, c’est pour chaque humain·e du fait même de sa condition humaine. Mais Simone Weil fut une sorte de Cassandre : clamant dans l’obscurité ce qui allait advenir… et se prenant des vents de la part des dirigeants.
Que penserait-elle en lisant aujourd’hui le nouveau Journal du dimanche, hebdomadaire français historique repris en main cet été par l’extrême droite, grâce au rachat du titre par l’homme d’affaires Vincent Bolloré ? Car une chose est d’avoir une opinion – Simone Weil était d’ailleurs très favorable à la plus large liberté d’expression possible.
Mais induire sciemment le lectorat en erreur en manipulant les données et en piétinant la déontologie journalistique, ce n’est pas de l’opinion : c’est du mensonge. Et, oui, c’est mal. D’autant plus qu’il est évident que, dans cette opération de prise de pouvoir, ce que recherche Bolloré n’est pas le profit immédiat – les annonceurs fuient désormais le JDD. C’est plutôt l’offensive idéologique d’un groupe qui, d’acquisition en OPA, se recentre sur les médias (Paris-Match, Europe1…) et sur le monde de l’édition. C’est un projet de société réactionnaire présenté sur un plateau télé – celui de CNews ou de Canal+. Et ce n’est pas de la science-fiction…
À leur échelle, les médias de Kiosque, libres et indépendants, tentent de satisfaire ce besoin essentiel de l’âme : faire tomber les Bolloré, français ou belges, du radeau, ne serait-ce que dans un rêve fou. Et continuer à ramer vers la vérité.
Pour le collectif, Sabine Panet (axelle mag)
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