En général, « les gens » aiment beaucoup « la presse ». Enfin, pas tous « les gens » et pas toute « la presse ». Le médiabashing reste un sport de combat encore très à la mode. Pour taper sur « les médias » vendus au Grand Capital, aux élites dominantes, à la classe politique corrompue, aux Big Tech… Avec de sympathiques petits noms à la clé (« journalopes », « pressetituée »…) et un constat sans appel, péremptoire : plus rien ne sera plus jamais comme avant ! Car, c’est bien connu ma p’tite dame, ces journalistes ont tout perdu dans ce siècle 2.0 : leur vertu, leur éthique, leur indépendance, leur rigueur, leur sacro-sainte « objectivité », etc.
Au stade supérieur, il y a les vrais complotistes. Absolument convaincus que la presse leur cache tout, tout le temps et de de manière planifiée. Qu’elle participe à une grande conspiration-machination planétaire.
Et puis, il y a les « actu-anxieux » et les « actu-anxieuses », de plus en plus nombreux, fatigué.es de subir, à longueur de journée, les nouvelles catastrophiques du monde. En rafale. Sans filtres ni hiérarchie des contenus. Pour cette catégorie de citoyennes et de citoyens, l’info est devenue un véritable repoussoir : moins ils en absorbent, mieux ils et elles se portent !
Heureusement pour nous, il y a encore des médiavores. En nombre. Passionnés et engagés. Curieux de lire, d’écouter et d’apprendre. Conscients et mobilisés. Soucieux de défendre la liberté de la presse, le pluralisme des titres, le journalisme innovant, long format et d’intérêt public…
Ils aiment en particulier la presse libre, qui ne cède à aucune forme de censure, qui veille jalousement à son autonomie. Ils mesurent très bien son utilité démocratique. Ils la défendent bec et ongles dès qu’ils le peuvent. Mais l’achètent-ils pour autant ? Sont-ils prêts à payer pour de l’info de qualité ? A débourser 50, 70 ou 90 euros pour s’abonner, par exemple, à un des titres du collectif Kiosque ? Mesurent-ils combien cela coûte de fabriquer un magazine de manière professionnelle, réaliser des reportages de fond, rémunérer décemment des pigistes, produire des podcasts de qualité ? Ont-ils en tête leurs modèles économiques, leurs sources de financement ? Les contraintes qui pèsent, et de plus en plus, sur les épaules de chacun de ces titres ?…
Parfois, on s’interroge. En voyant ces mêmes médiavores se contenter de l’info gratuite qui circule en masse sur le web. A les écouter nous murmurer à l’oreille « J’aime beaucoup ce que vous faites », « Il faut vraiment que je me réabonne », « Je n’ai plus le temps de lire, mais je vais m’y remettre, promis »…
Au final, on ne peut pas leur en vouloir tant ils sont sincères, toujours soutenants à leur manière, mais le nez sur le guidon, à courir sans cesse après le temps et bouffés par l’ »infobésité » – tant de stimuli à gérer, de fils d’infos à dérouler, de notifications à ouvrir, de productions journalistiques en accès libre et de qualité à découvrir…
Il n’empêche, à l’approche des fêtes, on aurait envie de leur dire sans ambages : ne les oubliez pas sous le sapin, ces médias libres que vous chérissez tant et auxquels vous êtes intellectuellement attachés. Ils ont besoin de vous, mais de manière très terre à terre, palpable, financière. Abonnez-vous donc. Offrez-les en cadeau. Proposez-les à votre organisation. Faites vivre votre fidèle libraire de quartier… Peu importe la forme pour joindre « la parole aux actes », comme on dit. Et passer d’un chaleureux soutien moral à un engagement volontaire qui permettra d’offrir à cette même presse libre un avenir plus robuste et pérenne.
Hugues Dorzée (Imagine)
Tchak
Le loup, un bouc émissaire (électoral) idéal
Ce mardi 3 décembre, le Conseil de l’Europe a validé la proposition d’abaisser le statut du loup, le faisant passer d’espèce “strictement protégée” à seulement “protégée”. De quoi faciliter son abattage. Une décision électoraliste, un non-sens scientifique et une mauvaise réponse aux difficultés rencontrées par les éleveurs et les éleveuses. Pour dépasser le caractère polarisant du dossier, Tchak a mené l’enquête. (© Collection Ribouillault).
Wilfried
La traversée du Brabant wallon
Elle est, avec sa jumelle flamande, la province la plus jeune du pays. La plus petite, aussi. Et surtout la plus riche. Née voici trente ans, elle présente depuis sa création, parmi toutes les régions d’Europe occidentale, la plus forte croissance économique. Un tel niveau de prospérité ne pouvait se gagner sans une brutale transformation de la morphologie du paysage. Urbanisation boulimique, gonflement dingue des prix de l’immobilier, congestion des voiries, recul constant de la nature : malgré sa qualité de vie « exceptionnelle », le Brabant wallon menace de n’être plus qu’une extension géante de Bruxelles, une base arrière peuplée de nantis. Juste avant les élections communales et provinciales, Wilfried a traversé la province à pied.
Alter Echos
Violences sexuelles, l’injuste prix
Agression ou harcèlement sexuel, viol, inceste: 64,1 % de la population belge âgée de 16 à 69 ans indiquent avoir déjà subi une forme de violence sexuelle, selon une étude de l’UGent. Ces traumatismes laissent des cicatrices, tant au niveau du corps qu’au niveau de l’esprit. Pour espérer les apaiser, traitements médicamenteux, suivi psychologique ou encore poursuites judiciaires sont souvent de mise, ce qui engendre des frais immenses. Tant pour les victimes que pour la société.
axelle
Bandelettes urinaires, trop de peines pour les femmes
En finir avec l’incontinence urinaire à l’effort, plutôt handicapante quand on aime faire du sport : la promesse a séduit Françoise, adepte de course à pied et de badminton, mais embêtée par des fuites suite à son accouchement, en 2013. Elle se laisse convaincre par la pose d’une bandelette urinaire – comme chaque année, environ 5.000 femmes en Belgique. Mais pour une partie d’entre elles, le soulagement attendu se transforme en cauchemar.
Imagine
« Sortons de notre vision utilitariste et marchande de la nature »
Les déclarations autour de la protection de fleuves, de rivières et de forêts se multiplient en Europe. Aucune Constitution, cependant, ne garantit leurs droits comme en Equateur. Rencontre avec l’avocate Marine Yzquierdo qui, Pour Notre affaire à tous, trace les chemins possibles afin de faire advenir cette révolution silencieuse.
Le Ligueur
Quand le rugby se la joue inclusive
Au Royal Rugby Namur, on pratique le rugby adapté et le rugby inclusif. Deux disciplines qui visent à rendre ce sport d’équipe plus accessible, notamment pour des jeunes ayant une déficience physique ou intellectuelle. Témoignage d’une maman: « Il faut voir les joueurs et joueuses s’écarter pour laisser la place à celles et ceux qui ont des difficultés. La première fois que j’ai assisté à un match, c’est bien simple, j’ai pleuré pendant une heure et demie ».
Médor
Travail de malade, malades de travail
Notre pays compte un demi-million de travailleurs et travailleuses en incapacité de longue durée. La réponse politique: renvoyer au plus vite les malades au boulot. Quitte à mettre la pression sur les mutuelles, les médecins-conseils et les généralistes, déjà débordés. Médor prend le pouls d’une société-domino au bout du rouleau.