Le Trumpisme a donc largement triomphé. Laissant tous les sondeurs et les grands médias américains pantois. Rares sont ceux et celles, en effet, qui ont vu venir ce raz-de-marée républicain, en particulier dans les fameux swing states, ces états indécis où une majorité d’électeurs, mâles en particulier, ont succombé aux discours fleuves, nébuleux, violents et haineux, d’un homme politique à propos duquel tout a été dit (ou presque). De l’ex-vedette de l’émission de télé-réalité The Apprentice (l’apprenti) au magnat de l’immobilier endetté. Du repris de justice au tribun populiste, démagogue, mythomane, raciste, misogyne, homophobe, climatonégationniste…
Depuis quelques jours, les « Etats désunis d’Amérique », selon l’expression du romancier Douglas Kennedy (lire Imagine n°158), sont entrés dans une nouvelle ère à la fois incertaine, obscure et sinistre. Emportant, dans leur sillage, le reste du monde. Et plongeant chacun.e d’entre nous dans un tourbillon d’émotions, entre tristesse, désarroi, colère et perplexité.
La victoire de Trump, c’est aussi celle de la banalisation du mensonge, de la consécration des théories farfelues et complotistes, de l’influence toxique des réseaux sociaux boostés par l’intelligence artificielle, de la brutalisation du débat public, du dénigrement des scientifiques, des journalistes, des intellectuels éclairés, des défenseurs de l’Etat de droit… C’est la « post-vérité » qui triomphe. Sans foi ni loi. Sans éthique ni morale. Un tsunami de désinformation virale et destructrice. Qui façonne les esprits et les opinions. Tord le cou au réel, à la vérité, aux faits durablement établis. Et pose les bases de la « démocratie des crédules », comme l’appelle le sociologue Gérald Bronner.
Face à cette lame de fond planétaire, les petits artisans de l’information que nous sommes, n’ont d’autres choix que de réaffirmer leurs exigences déontologiques – la vérité, la rigueur et l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’imputabilité, etc –. Défendre un journalisme de la nuance, de l’apaisement et de la complexité. Enfiler d’autres lunettes pour contempler ce monde chaotique et désespérant, mais qui, entre les interstices des catastrophes en cascade, offre aussi quelques recoins de beauté et d’espoir.
Témoigner du réel avec humanité et douceur. Fuir les autoroutes assourdissantes de l’info en continu pour emprunter les chemins escarpés et bucoliques des nouvelles porteuses de sens et inspirantes.
Une modeste mission d’intérêt général, passionnante et nécessaire, humble et exigeante, aux antipodes des monstres médiatiques et planétaires, des lobbys industriels et financiers de tous poils, de l’hyper-capitalisme débridé et destructeur, alliés objectifs du trumpisme triomphant. En proposant, aux citoyens et aux citoyennes désabusé.es, désinformé.es, découragé.es par ce flux incessant de nouvelles catastrophistes et anxiogènes, d’autres récits autrement plus engageants et prometteurs.
Hugues Dorzée (Imagine)
Médor
À l’Ouest d’Herstal
La FN Herstal, fleuron belge de la défense, tout le monde connaît. Elle fournit des armées dans le monde entier avec des armes légères à la qualité réputée. On connaît moins sa filiale américaine, FN America. Sa spécialité: mettre des modèles d’inspiration militaire sur le marché civil américain. Mais jusqu’où une société publique wallonne peut-elle aller, au nom de l’argent, dans un pays agité par le débat sur les armes et où les tueries font des centaines de morts chaque année? Question majeure en regard de l’actualité politique américaine.
Tchak
Comment les arômes stéréotypés influencent nos goûts
L’olfaction est un sens utilisé par l’agro-industrie pour doper la vente de produits toujours plus variés et « forts en goût ». Quitte à utiliser des arômes stéréotypés, qui nous déshabituent des arômes naturels. Exploration d’un monde intrigant pour lequel on manque de mots, mais qui influence fortement nos envies alimentaires.
Wilfried
Des millions d’arbres à planter : le maratronc wallon
Trois milliards d’arbres en plus : c’est la promesse de l’Union européenne d’ici 2030. Pour le climat. Pour la biodiversité. Pour survivre. Son planteur principal, le champion de l’arbre ? La Belgique. Et surtout la Wallonie, via Yes We Plant, programme semé en début de législature. Les printemps passent, la résilience pousse, se réjouit-on, ce qui n’est pas faux. Ce n’est pas non plus tout à fait vrai.
Alter Echos
La culture au centre
Malgré les obstacles administratifs, financiers, géographiques et de mobilité, les centres culturels rivalisent d’imagination pour assurer au maximum l’accès à la culture pour tous. Mais ils réclament du soutien…
axelle
L’amour révolutionnaire contre le fascisme
« ll faut pouvoir sortir des livres, voir le monde en vrai, se réinscrire dans le réel.” Pour résister au fascisme qui resurgit de l’ombre dans plusieurs pays du monde, Costanza Spina, journaliste queer, propose de pousser plus loin la démocratie en inventant un projet de société queer et féministe où chaque vie compte. Interview.
Imagine
Le silence des oiseaux
L’automne est la saison de migration des oiseaux, mais aussi synonyme de braconnage. Imagine a mené l’enquête sur la tenderie dans le cadre d’une série réalisée autour de la délinquance environnementale en Belgique. Cette technique de chasse pourtant interdite depuis 1993 est désastreuse, alors que plusieurs populations d’oiseaux sont déjà menacées par le déclin de la biodiversité.
Le Ligueur
Parent en prison: maintenir le lien malgré la détention
En Belgique, entre 15 000 et 20 000 enfants sont privés d’un parent détenu. Pour les aider à entretenir leur relation, l’asbl Relais Enfants Parents organise des visites moins protocolaires en prison. Le Ligueur a assisté à l’une d’entre elles. Un papa témoigne : « Ces visites nous remontent le moral, ça nous booste. Ça nous fait évacuer tout le stress en cellule. C’est comme si on était dehors. On se sent libre ».